1915

Début

 L'année débute par des mutations pour les officiers supérieurs.

Cdt BICHARD 3è groupe est remplacé par le chef d'escadron LEROY

 

Le 17/02 les groupes du 38è RAC sont pris à partie par l'artillerie ennemie, mais sans pertes dans le bois en H et de la corne SO du bois des Forges.

 En avril nouvelles mutations le chef d'escadron COUTELET du 55è RAC remplace LEROY. Le Capitaine LANTY est nommé chef d'escadron.

Jusqu'à la fin mai le régiment restera dans la région de Verdun.

Une riposte allemande touche le Capitaine ROUCHE, cdt la 2è bie, au moment où il donnait ses ordres le 27/02/1915. Pour cette 2è bie, le JMO avait été brûlé dans l'incendie du 11/10/14, et ROUCHE le reconstituait. Il n'a été retrouvé aucune note après son décès.

Le 30 avril, le 4è groupe fut soumis durant 2 H à un tir de gros calibre. En mai 1915, il quitte les positions pour se diriger sur le secteur dans la forêt de l'Argonne.

Le 24 mai le Gal Cdt le 15è CA donnait les ordres suivants :
- 1er et 2è groupes abandonneront les positions
- 3è groupe restera sous les ordres du Colonel cdt l'artillerie de la 29è DI

- 4è groupe restera dans le 3è secteur de la place de Verdun.

Après une reconnaissance du Colonel au N de Courtémont, sur les cotes 99-181, le 1er groupe s'installa au Mt Cochet et le 2è dans la plaine au N de la cote 181, pour assurer le barrage entre l'Annulaire, le Cratère et l'ouvrage du Pruneau.

Le 9 juin, le régiment apprend par le CA que la composition sera de 3 divisions :
La 29è, la 30è, et la 126è DI.
L'artillerie comprendrait 2 groupes de l'AC 15, les 2è et 4è groupes du 38è.
Le Lt-Colonel REGUIS était désigné pour le cdt de l'artillerie de la 126è DI.
Le 15 juin le 4è groupe rejoint le régiment sous les ordres du Capitaine AZAUBERT, suppléant RIBAINS.
Bientôt il assurerait un barrage devant les bois au S de Servon.
Le 20 une attaque allemande se déclenchait entre Binarville et Vienne-le-Château.

A la fin de juillet, le 38è reçut la mission d'organiser les positions d'une 2è ligne de résistance. Chargé de construire des observatoires et préparer les emplacements de batterie, et ce jusqu'au commencement d'août. Un ordre de relève arriva le 1er le 10è CA vient prendre le secteur du 15è.
Le 38è arriva à Ante le 14/08 et s'y repose quelques jours.

 

 

BATAILLE DE CHAMPAGNE

4è bie en juillet 1915...

Le 20 août, le 15è CA quitte le secteur de l'Argonne/Verdun. Les 1er et 3è groupes (ENE) embarquent le 21/08 à la gare de Sommeille, pour débarquer respectivement à Crépy-en-Valois et Ormoyviller. Les 2è et 4è groupes s'embarquent avec la 126è DI et cantonneront dans la région d'Auteuil-en-Valois et Plessis-sur-Autheuil.
Le 28 août le 15è CA passe sous les ordres du Général Franchet-d'Esperey.
Le régiment se dirige dans le bois de Beaumarais début septembre.
Le 24 septembre la préparation d'attaque commença. Tirs sur les tranchées ennemies et sur les fils barbelés. Le 28 l'avance est ralentie par le mauvais temps, et l'artillerie entretien juste la destruction des brèches déjà faites.

 

 Le 1er octobre le 1er groupe était douloureusement atteint. Une bie de 150 allemande, réglée par avion dirigeait un tir violent en complément des tirs du 30 septembre, Malgré l'abondance des projectiles, la pièce ouvrit le feu sur l'oiseau ennemi, sans relâche. Avec un héroïsme admirable les servants s'empressaient autour du canon pour donner au tir la plus grande efficacité! Un obus de 150 explosa sur la pièce. Tout le personnel était mis hors de combat. Les Lieutenants HOUEL et VINCENT sont tués ainsi que 4 servants (bois de Beaumarais)

 

Le 10 octobre, le cdt abandonne le projet de reprendre les attaques, la 126è DI pouvait être mise en réserve.
Le 10 novembre le 15è CA était mis en réserve et le 38è en cantonnement de repos. A la fin de novembre il allait se diriger avec le 15è Corps sur une partie du front de Champagne, secteur Butte de Mesnil. Les 2è et 4è groupes partirent avec la 126è DI et se dirigent vers la zone de combat dans des conditions difficiles : pluie, froid, route gelées.
Le secteur paraissait tranquille, quelques explosions, bientôt il en serait autrement.

 

 - Blessés 1915 :
8/01 : Cap. BIGOT
11/07 : BRUEL (2è RAM)
17/07 : DELETTRE (62è RAC)
1/10 : MdL DIONOSI, PASTORE, GUEDE, MORIN, HERMITTE, GRASSES

POUR LES 27 et 27è Bies du 38e RAC...

 Pour le 3è Groupe / 76è DI/31è CA, elles se trouvent dans le secteur du bois Bas.

 

Pour ne pas provoquer le feu de l'artillerie allemande pendant la relève de l'infanterie coloniale par deux bataillons du 157è RI les batteries ne tirent pas.

 Début janvier, pluies continuelles, brouillard, boue. L'abri de la 4è pièce s'écroule. Constructions d'abris hors sol.

 L'hypothèse faite le 6 de l'existence d'une 2è bie de 77 installée derrière le Haricot au S, est confirmée par un renseignement fourni par le poste d'observation de Liouville.

Tirs des 2 côtés sur le secteur bois Bas- Bricourt.

 Le 2/02 sur la demande du Lt Colonel du 157è, la 2è section ouvre le feu sur la pièce de 88 situées sur Loupmont.

De retour à l'observatoire le Capitaine MELLON est blessé par un éclat de 77 à la tête. Le coup le fit vaciller, mais il continu à diriger avec énergie le tir de sa section, et refuse d'être évacué.

 *4 février 100 projectiles allemands sont tirés.

Le 26 février le Capitaine étant d'observation à Liouville aperçoit près de la clairière du Mont, un certain nombre de fumées qui semblent indiquer la présence d'un campement.
La section exécute un tir a obus explosifs. Les allemands répondent avec des 105.
Installation dans le bois de Vignand près de Frémeréville.

Changement de secteur, installation Forêt de la Reine. Fin mars, préparatifs de départ pour Flirey.
Préparation attaque générale pour chasser les allemands de la pointe de St-Mihiel.
Problèmes d
explosions des canons, presque dans tous les groupes.

5 avril agit au NE de Flirey entre la ligne de chemin de fer de Toul à Thiaucourt et la route de Flirey à Essey. Ouverture du feu dans le but de faire des brèches dans le réseau de fil de fer.

6 Avril l'attaque déclenchée la veille et qui avait échouée reprend à 9 H, exécutée par le 163è RI.
En 1 H 1/2 le 163è RI de Nice pert : officier 1 tué, 3 blessés, hommes 172 tués et 268 blessés.
7, 8, 9 et 10 avril nouvelles attaques, participation à l'Est et à l'Ouest de la route Flirey-Essey pour faire diversion.
Plus de 10 000 obus durant les 4 premiers jours.

 

mai-juin : même secteur
juillet-août : tirs d'artillerie de part et d'autre, et petites attaques pour faire quelques prisonniers.

Il ne reste presque plus rien du village de Flirey,
Pour l'église, seul le clocher restait encore visible entre quelques pans de murs du village détruit !
août-septembre : même vie aussi bien aux échelons dans la Forêt de la Reine qu'aux batteries près de Flirey. Le secteur reste animé et le cimetière établi en arrière, a enseveli de nombreux cadavres.
Le Lt Colonel VINET quitte le cdt le 20/09/15 et est remplacé par Lt Colonel TRANIE.

 Fin décembre une expérience est faite pour toute la Division avec le personnel porteur des engins contre les gaz asphyxiants, dans les conditions réelles :

L'existence de la vague gazeuse ennemie étant signalée par l'infanterie des tranchées à l'aide de cornes et klaxon destinés à suppléer le téléphone dans le cas où il ne fonctionnerait pas.

 Pour les lourdes pertes du 163è, un MONUMENT en sa mémoire a été érigé par les amicales du régiment et du 363è et inauguré en 1933 face à l'église.

 


 ECLATEMENT DU 75

 

Au mois d'avril 1915, l'artillerie venait de subir ce qui fut appelé la crise du 75...
Un grand nombre de canon avait subi une déformation de l'âme, c'est-à-dire le tube même d'où sort l'obus.
Il y avait eu des éclatements dans l'âme où même à la sortie du tube... l'explosif enfermé dans le projectile faisait explosion au départ même du coup. Les accidents étaient devenus terriblement nombreux.
Le Gal STE CLAIRE DEVILLE venu à Clermont en discutait avec le Cdt GUTTON.
Conclusion : l'obus vient d'une barre d'acier rond tronçonnée en "lopin", par forgeage on lui fait une ogive et on le creuse ensuite intérieurement en lui laissant un fond de 3 cm d'épaisseur au culot.

Pour aller vite et faute de presse, on avait fait venir des barres rondes d'Amérique, on les avait tronçonnées, et tout ouvrier muni d'une tour avait pu faire un obus de 75.

Tout le monde devenait tourneur d'obus. Mais la barre ronde avait été laminée dans le sens de sa longueur. Si une bulle d'air, si petite soit-elle, restait dans le métal, au laminage elle s'est allongée.

Si c'était vrai??
Il suffirait de boucher ces canaux infiniment petits par une plaquette de fer blanc soudée avec de l'étain fondu...
Huit jours plus tard on commençait à souder des plaquettes au culot de tous les obus.
Le Cdt GUTTON fit même mieux, le Parc de Clermont Ferrand entreprit de réfectionner tous les obus déjà chargés d'explosif.
1 600 000 projectiles furent ainsi rendus à l'Armée en quelques mois".

Document provenant d'un fonds de documentation/d'archives du Cdt GUTTON directeur du parc de Clermont Ferrand en 1915
Merci à P. LAMY

 

CITATIONS

 

DEPORTA A. : 28è bie, observateur pendant 5 jours consécutifs dans les tranchées de 1ère ligne, a fourni à maintes reprises des renseignements précieux pour le tir de notre artillerie. A particulièrement fait preuve de courage, le 30 mars, en observant d'un point sur lequel était braquée une mitrailleuse ennemie.

 

BASTIN : Lieutenant Cdt, placé le 25/08/14 à la tête dune bie de renforcement a révélé de suite des qualités de commandement de premier ordre. A maintenu son unité pendant l'hiver sur une position difficile. A été fait remarqué lors des attaques de mai 15.(citation Ordre de la Division)

 

LORRAIN : Lieutenant, officier
de haute valeur, d
une rare intrépidité dans les reconnaissances et montrant sous les bombardements un sang froid qui impose le calme au personnel. Pendant les attaques davril et mai 1915, a recueilli, en se portant aux endroits les plus exposés des observations très précieuses pour le réglage de tir de sa batterie.(citation Ordre de la Division)

 

LELIEVRE : S-Lieutenant, jeune officier très bien doué, ayant acquit rapidement une sérieuse compétence technique. A donné à plusieurs reprises des preuves de brillant courage en se portant avec une tranquille assurance auprès des ses pièces violemment bombardées pour y maintenir l'ordre et faire continuer le tir.(citation Ordre de la Division)

 

MAUREAU : MdL sous-officier plein de zèle et dentrain, toujours prêt à remplir les missions les plus périlleuses. Désigné comme observateur aux tranchées, pendant les combats du 5 au 14 avril, a réussi en se portant aux points les plus exposés, à transmettre des indications précieuses, pour le réglage du tir de sa batterie 28è.(citation Ordre du Régiment)

 

ANDRE : canonnier venu sur sa demande du train régimentaire à la batterie de tir (28è) s'est toujours fait remarquer par son entrain et sa belle attitude au feu. (citation Ordre du Régiment)

 

DUPONT : Lieutenant cdt le TR groupe 90, le cantonnement du TR étant violemment bombardé, est allé faire abriter successivement tous ses hommes, a retiré des décombres, pendant que le bombardement continuait, 2 sous-officiers, l'un tué, l'autre blessé, et n'est allé s'abriter lui-même qu'après s'être assuré que son personnel était hors de danger. (citation Ordre du Régiment)

 

VERNAZOBRE : brigadier groupe 90
le cantonnement étant violemment bombardé, a aidé le lieutenant chef à retirer des décombres, sous le feu,2 sous-officiers, l'un tué, l'autre blessé, et n'est allé s'abriter que cette tâche terminée. (citation Ordre du Régiment)

 

TRINTIGNAC : Lieutenant tombé le 16/08/15 à 26 ans, pendant qu'il faisait fonction d'observateur dans les tranchées de 1ère ligne.
Son Capitaine disait à sa famille : il a eu la plus belle mort que puisse souhaiter un officier ; il est tombé en 1ère ligne,
frappé au coeur.
Son dernier geste a été pour son pays sa dernière parole à son Dieu.
Brillant officier, plein d'ardeur, recherchant volontiers les missions périlleuses, observateur de premier ordre. Voulant le 16/08/15 s'assurer par lui-même des modifications apportées au profil du terrain par l'explosion d'une mine, s'est avancé jusqu'au bord de l'entonnoir non encore occupé par l'ennemi, il a été tué d'une balle dans la poitrine.(citation Ordre de l'Armée)

 

Le Général cdt la Vè armée a rendu hommage aux braves frappés à leur poste de combat le 1er/10/1915
Lts HOUEL et VINCENT, AMY, PONS,
JUES, MATTEI
"constituant le personnel d'une pièce contre avions, ont continué le tir sous une série de rafales ennemies jusqu'à ce qu'ils aient été atteints à leur poste" (citation Ordre de l'Armée)

 

MELON : ingénieur 1ère classe de la marine, 27è bie commande depuis octobre 14 une batterie de campagne avec la plus grande énergie et la plus grande bravoure. Blessé le 2 février est resté à son poste et à continuer à diriger le tir de sa batterie jusqu'à ce qu'il ait éteint le feu des pièces ennemies particulièrement actives. Ne s'est fait panser qu'à la fin du combat.(citation Ordre de l'Armée)

 

FARAUT : mécanicien 42è bie, depuis 8 mois de présence au front, n'a cessé de faire preuve en toutes circonstances, et parfois sous un feu violent d'artillerie d'un zèle et d'un dévouement remarquables.(citation Ordre du régiment)

 

COUILLARD : MdL 52è bie, chargé dassurer les mouvements de munitions entre les échelons et la batterie, a remarquablement exécuté ce service. A réussi, notamment, grâce à son calme et à son sang froid, à ravitailler la bie le 28/09 et 1/10/15 en traversant un village soumis à un feu intense dartillerie de gros calibre et alors que les environs des bies étaient eux-mêmes violemment bombardés.(citation Ordre groupement)

 

GRIVEL : 2è cs 52è bie, dans les journées du 28/09 au 8/10, a montré un mépris absolu du danger, attenant jamais un ordre pour aller sous les bombardements les plus violents, réparer les lignes téléphoniques dont il avait la surveillance.(citation Ordre groupement)

 

POULLE-SYMIAN : MdL a fait preuve de courage et de sang-froid depuis le début de la campagne. Blessé au bras lors d'une attaque, a refusé de se laisser évacuer et a continué son service à la batterie. A montré également de grandes qualités dans le service d'observations aux tranchées. (citation croix de guerre)

 

CALVET : adjudant admirable de sang-froid et de hardiesse, le 14/07 jour où il a été mortellement frappé en pleine poitrine par un éclat dobus, déjà cité ordre du CA.(citation Ordre de l'Armée)

 

BARTHELEMY : MdL, pendant un violent bombardement a commandé le tir de ses mortiers avec un calme absolu et un souverain mépris du danger, tué à son poste.(citation Ordre de l'Armée)

DE LA ROSA : canonnier, tué à son poste après avoir assuré avec un courage remarquable le service de son mortier à 50m des tranchées ennemies.(citation Ordre de l'Armée)