L'enfer de VERDUN...

 

Début janvier l'aviation est particulièrement active.
L'ennemi déclenche le 9 janvier une action violente depuis la partie Ouest de la Butte du Mesnil jusqu'au Mont Têtu.
Les allemands dirigent vers nos lignes des vagues de gaz lacrymogène et des liquides enflammés sont jetés sur nos fantassins.

 

Mais l'artillerie est attentive, les obus tombent drus sur les assaillants. Les 1er et 4è Groupes font une véritable débauche de munitions. Le duel reste terrible.
A 16 H l'attaque est enrayée. Au soir, après un court bombardement, nos bies allongent le tir et, par une contre-attaque audacieuse, la plus grande partie de terrain perdu est repris par nos fantassins. A 22 H, le Général GOURRAUD, téléphone avec enthousiasme "BRAVO au 15è CORPS !".
L'effet de notre artillerie avait été inimaginable et le bombardement leur avait causé les pertes les plus lourdes.

 

La conduite glorieuse de nos braves soldats avait arrêté les efforts de l'ennemi.
Le s/Lieutenant FAUCHERRE qui, en pleine action, pour soulager les fatigues de son personnel et pour activer le ravitaillement, exerça lui-même les fonctions de tireur de pièces, donna à tous ses hommes les plus grands exemple du devoir et fit preuve du mépris le plus absolu du danger.

 

Le secteur resta quelque peu agité encore pendant quelques jours. Les bies exécutèrent fréquemment des tirs de représailles et de harcèlement.
Certaines bies trop fortement endommagées et repérées changèrent de position.
Le 21 février, la 2ème bie est prise à partie, deux pièces détruites sans causer de perte.
C'est ce même jour que la grande offensive sur VERDUN commençait.

Le 12/06/1916 la 4è bie a perdue en position 27% de son personnel.

Maréchal Pétain
Le 19/09/1927, une foule pieuse de pèlerins se pressait à l'inauguration officielle de l'Ossuaire de Douaumont, qui renfermera les dépouilles sacrées d'un grand nombre de nos héros tombés au champ d'honneur.

 

"… Tous il faudrait vous nommer, soldats de Verdun, soldats de l'avant et soldats de l'arrière. Car si je mets à l'honneur, comme il se doit, ceux qui tombaient aux premiers rangs de la lutte, je sais que leur courage eût été vain sans le labeur obstiné de jour et de nuit, poussé jusqu'à l'extrême limite des forces, de ceux qui assuraient la montée régulière des renforts, des munitions et des vivres ou l'évacuation des blessés : conducteurs des camions de la Voie sacrée, sapeurs de chemins de fer, ambulanciers…

 

"De quel acier était donc forgé ce soldat de Verdun que la France a trouvé à point nommé pour faire face à une situation exceptionnellement grave et qui a pu affronter sans étonnement les épreuves les plus sévères ? Etait-il touché d'une grâce particulière pour avoir été porté aussi naturellement à l'héroïsme ?

 

"Nous qui l'avons connu, nous savons qu'il était très simplement un homme, avec ses vertus et ses faiblesses ; un homme de notre peuple dont les pensées et les affections étaient restées attachées, malgré dix-huit mois de guerre, au cercle de famille, à l'atelier, au bureau, au village, à la ferme où il avait grandi.

 

"Cependant, les plus généreux sentiments ne suffisent pas à procurer l'aptitude combative : celle-ci ne s'acquiert que peu à peu par l'accoutumance aux impressions du champ de bataille et par l'expérience des conditions de la lutte.

 

"Or, il faut se rappeler comment la guerre, déjà longue, avait en 1916 façonné l'homme de chez nous et en avait fait un soldat au sens le plus complet du mot.

 

"Tant de misères endurées l'avaient cuirassé contre les émotions et avaient augmenté sa capacité de souffrance à un degré exceptionnel ! La vision continuelle de la mort l'avait pénétré d'une résignation qui confinait au fatalisme. Une longue pratique du combat lui avait enseigné que les succès vont au plus tenace et avait développé en lui les facultés de patience et d'obstination. Il avait appris aussi que dans la lutte chacun est solidaire de tous et il avait sacrifié ses habitudes individualistes, ses préjugés de classe, créant ainsi cette admirable camaraderie qui a garanti la cohésion des combattants.

 

"Sentant peser sur lui l'exigence des nécessités supérieures de la patrie, il accomplissait son devoir jusqu'à la limite de ses forces.

 

"Peut-on penser en effet que le soldat se serait élevé si haut dans l'héroïsme, s'il n'avait senti derrière lui l'élan de la nation ? C'est le pays tout entier qui a accepté la lutte, avec toutes ses conséquences matérielles et morales.

 

"Le soldat a été le vainqueur de la bataille, parce qu'il a reçu du sentiment national l'impulsion nécessaire ; c'est la volonté du pays qui s'est imposée à lui…"

 

JMO mai 2016

CITATIONS

BOUVIER : Lieutenant 8è bie, le 9/01/16, sa batterie étant soumise à un bombardement intense et prolongé d'obus de différents calibres, a exécuté, dans d'excellentes conditions, le tir de barrage dont il était chargé(citation Ordre de l'artillerie 15è CA)
"Appelé, en pleine action, à prendre le commandement d'une batterie, s'est remarquablement acquitté de sa difficile mission, en faisant rendre toute sa puissance à l'instrument de combat qui lui était confié.
A été très grièvement blessé le 21 juin 1916, à son poste. Amputé de la jambe droite" (croix de guerre,citation remise sur son lit d'hôpital 3 jours avant sa mort.

 

FUNEL : canonnier servant, téléphoniste d'un dévouement à toute épreuve et d'une superbe bravoure. Pendant les journées des 11, 12 et 16 juin, sous les bombardements les plus intenses, n'a cessé de parcourir le terrain et de réparer les lignes. Glorieusement tué le 16/06 en accomplissant sa mission (citation posthume-croix de guerre)

 

PULNIN : MdL, excellent sous-officier, d'un entrain, d'un sang-froid et d'un courage à toute épreuve. S'est particulièrement distingué au cours des combats de juin 16(citation ordre du jour, croix de guerre)

 

LEONARD : MdL, sous-officier téléphoniste, modèle de courage et d'énergie. A assuré les communications téléphoniques, malgré les bombardements les plus violents, pendant les combats de fin mai 16 (citation Ordre de la Brigade).
Engagé volontaire pour la durée de la guerre, n'a cessé de donner les preuves d'un magnifique courage, notamment pendant les combats de fin mai 16. A été grièvement blessé le 4 juin 16, en faisant réparer sous un violent bombardement les lignes téléphoniques de son groupe (citation ordre de l'armée)

 

SARAMITO : brancardier 1ère bie
d'un courage et d'un dévouement admirables, s'est distingué à maintes reprises en secourant et transportant les blessés sous des bombardements extrêmement violents, notamment pendant juin 1916.

 

BERAUD : commandant de batterie remarquable, par son savoir, son sang froid et sa bravoure audacieuse sous les bombardements les plus violents, a obtenu le rendement maximum de sa bie notamment pendant les combats de fin mai 15, en effectuant avec adresse et vigueur des tirs soutenus et particulièrement efficaces (citation au CA)